Le Vieux Continent... Seul amas de terres connu de ce vaste monde. Fertile, riche, rassemblant une communauté gigantesque de personnages enjoués, et dirigé par une équipe bonne et soudée... Un paradis sur Terre. Enfin non, maintenant, il est plutôt question de mythe. Car cette belle période est désormais révolue. Les champs se sont déchessés, l'argent a été dépensé dans une recherche urgente d'armement, la communauté s'est fendue et dispersée, tout cela à cause d'une force politique se voulant écrasante, mais qui a finit par se couler elle même. A l'heure où ces lignes sont écrites, le Vieux Continent est proche du Chaos. Les guerres civiles ravagent les contrées. Les forces royales sont à la recherche de bouc émissaire, pour rétablir un semblant de normalité. Mais peine perdue, cette administration est verollée depuis trop d'années. Après de nombreux génocides, les gens ont commencé à se mobiliser. D'abord par de sévères actions de force, qui furent vite réprimées. Puis ensuite par de sombres complots, dans l'ombre, cachés dans des caves. Apprenant cela, le Roi est entré dans une telle fureur qu'il a ordonné, au nom de toute sa Folie, de détruire tous les bâtiments pouvant servir de rassemblement. Ainsi, des milliers de hangars, entrepôts, caves, et tant d'autres, furent détruits, ou rendu innocupables, mettant un bon nombre de familles dans la rue. La scène suivante se déroule dans un endroit encore sauf, une cave secrète servant de taverne. Ressemblant tout d'abord à un amas de tristes gens noyant leur désespoir dans l'alcool, un homme semblait capter l'attention de tout le monde :
- Tout cela n'a que trop duré, et vous ne le savez que trop bien ! Il est impossible de continuer cette existence. Nous ne pouvons même plus parler à nos généraux sans craindre que leur parole ne soit rapportée aux autorités, nous ne pouvons plus nous promener dans la rue sans attirer les bandits ou pire, la garde royale, nous ne pouvons même plus boire un verre entre amis ! Cette situation scandaleuse est, comme nous le savons tous, l'oeuvre de notre cher Roi, qui a voulu tout contrôler seul, et a resseré son étaux sur nous année après année. Comme c'était prévisible, la bulle d'acier a éclaté ! Et nous voilà au coeur du conflit, sur une terre rongée par l'anarchie. Je vous propose une solution ! Il faut... partir ! Préparer un convoi surprise, et la veille du départ, lancer un dernier combat pour ne pas qu'ils nous empêchent de nous en aller. Je sais ce que vous pouvez me dire, tout d'abord, où aller ? Sachez que je prépare cette opération depuis des années. Et il se trouve que j'ai déjà trouvé, au cours de nombreuses expéditions, une terre suffisamment grande et riche pour nous accueillir tous. Nous en avons fait le tour, et il semblerait bien qu'elle soit plus grande que le Vieux Continent ! Pour éviter toute tentative d'entrâve, je ne vous communiquerai pas ici les dates, ou encore l'endroit où nous nous réunirions. Mais voici l'adresse d'une maison m'appartenant dans les vieux quartiers de la capitale. Si vous vous décidez à m'accompagner, allez-y, et un ami à moi vous ajoutera à la liste. Ensuite, vous n'aurez qu'à attendre, vous serez contacté. N'hésitez pas à transmettre mon message autour de vous. Plus nous serons à partir, plus vite nous reconstruirons une vie, à l'autre bout de ce monde.
Après ce discours qui retourna beaucoup les esprits des gens, ce personnage sorti calmement de la taverne, vaquant à ses préparatifs, qui comprenaient, entre autres, de communiquer ce message dans d'autres endroits encore fréquentés. Après quelques semaines, nous nous retrouvons dans la même maison citée tant de fois dans le discours. Deux hommes sont en pleine discussion, en proie à une grande frénésie. Le premier, se faisait appeler Prirawien. C'était l'homme aperçu dans la première taverne. Son compagnon était le sieur Artix.
- Allez, mon cher Artix, c'est le moment de faire le bilan. De ce que nous avons déjà fait, et de ce que nous devons faire désormais. Peut tu me confier l'état d'avancement de la Citadelle, et des messagers ?
- Notre projet sera parfait ! Dans sept lunes, quand sonnera minuit, des centaines de messagers partiront transmettre l'endroit du rendez-vous final. La date a été fixée à dans très exactement deux mois. Le jour où débuteront les moissons, à minuit. Les seigneurs voulant nous suivre partiront alors avec leurs convois chargés de vivres et de matériaux, et de toute leur population, le tout escorté par leur armée. Ils arriveront à la Citadelle.
- C'était vraiment une bonne idée que de construire la Citadelle dans ce coin reculé. L'ennemi ne pourrait venir que d'un endroit, et les murs de la Citadelle nous protégeraient contre n'importe quoi. Il y aura sans doute un combat, un gigantesque combat, mais mon armée, mêlée à la tienne et à celle de tous les seigneurs qui nous rejoindront, nous pourront leur tenir tête. Au coeur de la Citadelle, des milliers de bâteaux sont construits.
- Ce départ sera une réussite ! Allons continuer ce qu'il nous reste à faire.
Enfin, à la veille du dernier jour, de la dernière semaine, du dernier mois, quand sonna l'heure fatidique, tout le monde retint son souffle. Partout dans le continent, des royaumes entiers se mettaient en route. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, des vivres et matériaux à foison, sans compter les armes...
Prirawien et Artix se trouvaient dans la Citadelle, une forteresse construite dans les fin fonds du continent, une sorte de gigantesque muraille protégeant l'accès à une presqu'île. Un chantier naval aux proportions énormes a été bâti ici, et des milliers de navires sont fin prêts à larguer les amarres. Les deux personnages, en compagnie de leurs armées respectives, étaient sur les murailles, guettant à l'horizon le moindre signe de mouvement. De longues minutes s'écoulèrent. Puis, se détachèrent de l'obscurité des formes, au loin. En l'espace de quelques secondes, tout le champ de vision des deux dirigeants fut envahi par la marée humaine qui montaient. Des dizaines de groupes, constitués chacun d'au moins quelques milliers de personnes, de chevaux, de bétail, et de matériaux arrivaient. Jamais il ne fut donné la chance à quiconque de voir ce spectacle là. Prirawien ordonna l'ouverture des grandes portes, pour laisser rentrer ce flot de population. Quelques heures s'écoulèrent, ce qui équivalait simplement à l'entrée des civils et des militaires. Vers 4 heures du matin, Prirawien et Artix convoquèrent tous les seigneurs arrivés. Ils établirent un plan militaire, pour garder la Citadelle en attendant les derniers royaumes. Aussitôt, les armées se placèrent. Jamais il ne fut donné à un homme la chance de voir autant de soldats ensemble, dans le même camp.
Cette précaution pouvait sembler inutile, mais à peine quelques minutes après cette mise en place, des cris et des sons de corne furent entendus au loin. Pas de doute ! L'armée royale venait empêcher cette fuite, en bloquant le passage à quelques royaumes retardaires. Aussitôt, les cavaliers de chaque armée s'élancèrent, sauver leurs compagnons. La bataille, la plus grande de l'histoire du Vieux Continent, se solda par une victoire écrasante de la Liberté sur l'Obscurité. Grâce à l'excellente gestion d'Artix, une fois que sonna six heures du soir, tout était chargé sur les bâteaux. Il ne restait plus rien à quai ! Des hommes terminaient de condamner l'entrée de la Citadelle, et les premiers navires partirent. C'était un magnifique spectacle, de voir un fil sans fin ou presque, de navires, partant vers l'horizon au soleil couchant...